Equitation une école de responsabilisation.
L’équitation, un sport comme les autres ?
Non, car il possède des spécificités qui la rendent unique.
Oui, car son apprentissage est un facteur de développement physique et psychologique de l’individu.
Il faut ajuster son enseignement. Enseigner l’équitation c’est connaître à la fois la discipline enseignée et le public à qui on l’enseigne pour trouver
une bonne manière d’enseigner.
Climat de confiance, de convivialité et de sécurité sera aussi essentiel que les apports techniques.
L’équitation est une formidable école de la responsabilisation. L’enfant de 6-7 ans peut être responsable des soins au poney. Il ne s’occupe pas seulement
d’un matériel mais d’un être vivant.
L’enseignant a une triple responsabilité :
1. Par rapport au cavalier : le mettre en confiance, le faire progresser, assurer sa sécurité et son plaisir.
2. Par rapport au poney : assurer sa santé, conserver son dressage.
3. Par rapport à la relation cavalier-monture : donner au cavalier un poney adapté en taille et en caractère, favoriser la bonne entente du couple
cavalier-monture, augmenter ses performances, empêcher les gestes brutaux, diminuer les craintes éventuelles.
Quelle méthode, quels jeux en fonction de l’âge des enfants :
Méthode directive :
Tout le monde fait la même chose au même moment, ce qui assure une certaine tranquillité d’esprit à l’enseignant par rapport à la sécurité des cavaliers,
au dressage des poneys et au nombre de choses à observer.
Méthode active :
Laisse une plus grande place à l’initiative du cavalier, à l’apprentissage par la découverte, à l’utilisation du jeu.
Nous y reviendrons dans un prochain article.
L’ENFANT DE 3 A 6 ANS
Pédagogie : exercices courts, langage très concret, beaucoup de jeux.
Il se fatigue vite. Les efforts demandés doivent être de courte durée sinon l’excitation monte et peut devenir incontrôlée.
Les phénomènes de répétition sont importants. Ils permettent de bien ancrer un savoir-faire avant de passer au suivant.
Partir de ce que l’enfant connaît pour le faire progresser.
Période importante de la découverte du monde grâce à la maîtrise des déplacements (marche, course, vélo...) qui permet une plus grande autonomie dans
l’espace environnant. Cette découverte du monde s’appuie sur les 5 sens (toucher, odorat, goût, ouie, vue) qui sont à solliciter dans les jeux.
Difficulté de reproduire les gestes qu’on lui montre en étant face à lui.
Ne peut dissocier les mouvements bras-jambes, et gauche-droite.
Champ visuel réduit, ce qui produit quelques télescopages dans les groupes d’enfants qui jouent.
Maîtrise des gestes pas parfaite.
Manque de coordination des gestes et d’habileté manuelle.
A du mal à se repérer dans l’espace.
Préfère évoluer dans des terrains de jeux aménagés.
4 notions fondamentales se mettent en place entre 3 et 6 ans : le schéma corporel, la latéralité, la structuration dans l’espace et l’orientation dans le
temps.
3 à 6 ans, l’âge de l’identification. Notion de modèle.
L’enfant découvre la différence de sexe au niveau physique et dans le comportement.
L’enfant fait connaissance avec les règles et les interdits.
Il a peu conscience du danger.
Capacité de concentration de courte durée.
Après 5 ans, on peut commencer à lui demander des choses plus difficiles, mais sans le mettre en position d’échec répété car il est vite découragé.
L’enfant de 3 à 6 ans est un individualiste. Il préfère le jeu solitaire..
Il n’aime pas partager.
Imaginaire important. Goût pour les histoires.
Pas d’exigence sur les positions équestres. On peut essayer de demander de “coller” ses jambes au poney ou de mettre les épaules “en arrière vers la queue
du poney”.
Favoriser l’équilibre par du maniement d’objets sur le poney.
Jusqu’à 4 ans, uniquement le pas.
Après 4 ans, possibilité d’aborder le trot en tenant l’enfant ou en courant à côté de lui pendant qu’il se tient à la bardette.
A 5 ans, tenue des rênes. Possibilité d’initiation à la voltige.
Pas d’exigence sur le pilotage du poney. Se limiter au passage entre 2 bornes, tourner autour d’un plot.
Avant 5 ans, matérialiser par un foulard de couleur différente la droite de la gauche.
Le poney est un moyen privilégié pour aborder toutes les notions de situation dans l’espace, de déplacement, de direction (dessus, dessous, devant,
derrière, entre, autour de, jusqu’à...).
Installer des petits parcours. Varier les trajets, les promenades dans la carrière et parfois hors de la carrière.
Favoriser les gestes liés au schéma corporel : attraper, lancer, poser, faire tomber un objet, passer sous une barre, monter-descendre du poney.
Attention aux gestes brutaux. Dire “ça fait mal au poney”.
Groupe réduit de 6 enfants, 8 maximum.
Donner dès le départ des règles très strictes (sécurité).
Responsabiliser sur le rangement du matériel.
Instaurer un climat de confiance avec les enfants et les parents.
Faire jouer beaucoup, minimiser les échecs.
Alterner les moments où l’attention doit être soutenue et ceux où elle peut se relâcher.
Varier les activités toutes les 10 mn.
Faire le trajet physiquement avec l’enfant à pied ou à poney.
Aborder la connaissance du poney par analogie avec l’enfant. Pour les parties du corps du poney parler de pieds, sabots, crinière, fesses, queue, dos,
bout du nez,.
Animer les reprises en fabulant, en racontant des histoires, en donnant vie aux activités et au matériel (ex. Poser un chapeau sur la tête de la
girafe).
Pas de jeu d’équipe. Après 5 ans quelques jeux simples de relais.
L’ENFANT DE 6 A 9 ANS
Apprentissages de toutes sortes : sportif, intellectuel, social.
Age d’une certaine maîtrise du monde et de la socialisation.
Tranche idéale de l’initiation à la pratique sportive. Demander des efforts de type endurance.
Age d’or des acquisitions motrices.
Schéma corporel maîtrisé et la latéralisation est acquise.
Début de maîtrise de sa vitesse et de l’évaluation de la vitesse des autres.
Il est capable de suivre une explication de l’enseignant en face de lui et d’inverser lui-même les mouvements.
Il est capable de dissocier bras-jambe et gauche-droite. Développement de l’adresse.
Période des exploits.
Il réalise qu’il n’est plus le centre du monde mais seulement l’un des individus qui y évoluent. Il se situe dans le monde où il évolue et cela lui donne
envie de prendre sa place parmi les autres, de progresser pour s’affirmer.
Plein de bonne volonté. Il commence à acquérir de la maturité. Conscience du danger.
Responsabiliser un enfant c’est l’aider à s’insérer dans le monde.
Activités collectives. Goût pour la compétition.
Le laisser prendre des initiatives, de faire ses propres choix, besoin d’une dose d’autonomie.
Il est inventif, créatif. Raisonnement. Logique. Bonne faculté de mémorisation.
Il se situe bien dans l’espace. Il peut prévoir mentalement un trajet surtout après 7 ans.
Il se situe bien dans le temps.
Période privilégiée pour démarrer l’équitation. Choisir des poneys en fonction de la taille des enfants.
Echauffement avant la reprise.
Découverte du galop. Exercices de voltige. Tous les jeux deviennent abordables. Adapter le niveau de difficulté au niveau des cavaliers.
Début de véritables apprentissages techniques : mise en avant, direction, arrêt.
En reprise favoriser les situations où l’enfant a des choix à effectuer (direction, allure...).
Valoriser les progrès.
Jeux de compétition en variant les règles pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui gagnent.
Donner une grande place au jeu permettant une identification à un personnage (cow-boy, pirate...).
Groupe de 8 ou 10 maximum.
Interdits et règles de sécurité à rappeler de temps en temps.
Discours dynamique, cordial et peut s’enrichir progressivement de quelques terminologies équestres.
L’ENFANT DE 9 A 12 ANS
Age de transition vers l’adolescence.
Crise d’angoisse qui peut causer une régression dans les apprentissages.
Privilégier les efforts de type endurance.
Age idéal pour la pratique sportive. Schéma corporel maîtrisé, adresse, habilité, stratégie, capacité d’anticipation.
Fragilisation psychologique.
Besoin d’affirmation de soi, goût de la compétition, recherche des honneurs, envie de briller, besoin de confrontation.
Grande sensibilité à l’échec. N’aime pas perdre.
Envie de réussir, de s’accrocher.
Jeux collectifs et sports d’équipes appréciés.
Phase d’opposition à l’adulte. S’opposer c’est s’affirmer. Naissance de la bande.
Possibilités intellectuelles grandes. Capacité de mémorisation excellente. Centres d’intérêts bien définis. Il est mûr pour de véritables apprentissages
techniques (emploi des aides, saut d’obstacles, voltige, initiation au dressage).
Il connaît les notions de quantité, de distance, de surface, de volume, le plan, la carte et même la notion d’échelle.
Il se repère dans le temps. Notions de durée et de vitesse. Il apprend à s’organiser lui-même pour faire ce qu’il a à faire.
Très sensibles aux grands problèmes du monde.
Les 9-12 ans sont des enfants qui perdent en spontanéité et innocence ce qu’ils gagnent en conscience et en ouverture au monde.
Bonne période pour compléter et augmenter tous les apprentissages équestres. Pratique intensive possible. Durée des reprises similaires aux adultes.
Passer aux poneys C, D ou au cheval. Privilégier les efforts d’endurance.
Les performances peuvent régresser. Une démotivation peut en découler. Le rassurer. L’encourager.
Favoriser les situations d’autonomie du cavalier. Utiliser au maximum l’espace disponible. Offrir beaucoup de situations nouvelles (jeux collectifs,
parcours).
Ne jamais terminer une reprise sur une activité ou le taux d’échec est important. L’enfant doit partir avec un sentiment de réussite.
Responsabilisation accrue par rapport au poney : panser, curer, seller, brider, longer etc...
Utiliser les aides, partir au galop, trotter sur le bon diagonal, affiner la connaissance de mécanisme des allures.
Expliquer les objectifs : ce qu’on attend de lui, là où on veut l’amener.
Proposer beaucoup de situations nécessitant une prise d’initiative (choix ou modification de la règle du jeu).
Ouvrir le poney-club: promenades, découverte de l’environnement, rencontres avec d’autres clubs, concours, démonstrations, participation aux fêtes
locales, séjours... Rendre l’enfant actif dans la vie du poney-club, dans l’organisation des reprises, solliciter leur avis pour le choix de certains jeux, leur déléguer l’installation du
matériel, le montage du parcours.
Laisser se composer les équipes elles-mêmes.
L’ADOLESCENT
C’est l’ensemble des transformations physiques et psychologiques qui se produisent entre l’enfance et l’âge adulte.
C’est une période de grande fragilité osseuse. D’où l’importance d’un travail au sol en parallèle : stretching, footing...
Tendance au renfermement sur soi, dépressive, attitude de rejet, de contestation avec le monde adulte, besoin de conformité à un groupe, recherche
d’identité personnelle, grand désir d’évasion, besoin de dialogues, d’échanges, de points de repères stables.
Naissance de centres d’intérêts et de passions. Appartenance à une bande.
Pratique très intensive possible. Poney D ou cheval. Les efforts de type résistance deviennent possible. Stretching en complément.
Favoriser l’équitation loisir plutôt que les apprentissages techniques.
Après 15 ans : perfectionnement des disciplines : obstacles, cross, attelage, pony games, horse ball, randonnées, voltige, débourrage, spectacle.
Compétition. Faire participer à la vie du club, au montage des parcours, à l’organisation de manifestations, longer les poneys... Donner des responsabilités par rapport aux poneys. Donner un
rôle valorisateur : aide à l’apprentissage des débutants, à l’encadrement d’une reprise, à l’enseignement des plus petits.
Tous les termes techniques peuvent être utilisés.
Activités collectives comme la randonnée parfaitement adaptées.
A vous de jouer !
CHEVAL MON AMI