LA CABANE
Dans une combe ou sur un pech,
A la sortie d’un hameau,
Au détour d’un chemin empierré
Bordé de pins et de châtaigniers,
Après une belle montée
Ombragée de noyers,
Entre haies et murets,
Le sentier muletier
Serpente à flanc de coteau.
Au croisement d’un calvaire,
Une cabane de pierres sèches
Enfouie dans la végétation,
Sommeille dans la clairière
En attendant le retour du vigneron.
LEONIE
Chapeau de paille et robe fleurie
D’un pas alerte et régulier,
Elle longe les chemins bordés
De châtaigniers et les prairies.
Elle repense aux jours heureux
De son enfance, de sa jeunesse,
Aux récoltes en liesse
Et chante un air joyeux.
Elle vous dirait que de son temps,
Il y avait de la vie et du mouvement,
De l’entraide et de la solidarité,
Dans les campagnes désertées.
La terre était généreuse
Pour ceux qui savaient l’apprivoiser,
L’aimer et la respecter.
Cela la laisse rêveuse.
Ses petits-enfants évoluent dans le virtuel
Et perdent le sens des réalités,
Dans un monde en guerre perpétuelle
Dominé par l’argent.
Son pas se fait plus lent.
Elle s’arrête pour respirer.
Cette belle journée d’été
Exhale un parfum d’éternité.
Marion
Chapeau fleuri et robe vichy,
Bas blancs et souliers vernis,
Avec son grand panier,
Marion va au marché,
En chantant ce gai refrain
Tout le long du chemin.
« Quand lo dimenche
Après la barba facha,
Aviai cargat mi bralhas de cadis,
Mi gros soliers, remplit de grossas tachas,
Mi beus bas blancs,
Ma vesta de drap gris ».
De retour à la maison,
Elle met son beau tablier
Pour préparer une salade de gésiers,
Et cuire dans le chaudron
Une mique au petit salé
Dont elle a le secret.
Elle dépose sur la nappe de lin,
Les couverts et un pichet de vin.
Le pain au levain croustillant,
Les fromages fermiers et les fleurs
Exhalent leurs senteurs
Pour fêter l’arrivée du printemps.
LE SCULPTEUR
Dans un pain d’argile,
Il sculpte une silhouette.
Ebauchoir, pointe, mirette,
Façonnent un doux visage,
A l’expression rieuse.
Ses doigts souples et agiles,
Lissent des formes gracieuses.
Après séchage et ponçage,
Il s’attarde un moment
Sur ce corps modelé
Et reconnaît soudainement,
Celui de sa bien-aimée.