LOU BOURNAT
Feuillardier, vannier,
Tresseur de blé, meunier,
Batteur de faux, bourelier,
Bouilleur de cru, tonnelier,
Scieur de long, scieur forestier,
Forgeron,
Charron,
Sabotier, tourneur sur bois,
Enoiseuse, gaveuse d’oie,
Souffleur de verre, potière,
Confiturière, dentellière,
Dans un village du siècle dernier,
Tout un vivier de métiers oubliés.
LA LAVANDIERE
LE LAVOIR
Approche
fillette aux boucles dorées,
A la robe fleurie, aux yeux
rieurs.
A Assieds-toi
près de moi sans heurt,
Ecoute et commence à
rêver.
En ce temps là, les
chemins
Etaient bordés de
fougères.
La nature gardait encore tout
son mystère
Et la vie secrète battait son
plein.
Des maisons aux volets
fermés
Se dégageait tôt le
matin
La bonne odeur du
pain,
Du lait frais et du
café.
Je me souviens des
veillées
De plein air et des
raconteurs d’histoires
Encore présentes dans nos
mémoires
Qui n’en finissaient pas de
nous émerveiller.
Le dimanche, jour
sacré,
Chacun mettait ses plus beaux
habits.
Les femmes crochaient le bras
de leur mari,
Elles étaient remplies
d’orgueil et de fierté.
Je me souviens
aussi
Des confidences des jeunes
épousées
Et du bruit du linge
frappé
Sur mes margelles
meurtries.
Aujourd’hui, l’eau de mon
réservoir est tarie.
La mémoire de tout le
village
Se fond à jamais dans le
paysage
Et mes pierres ridées versent
des larmes de pluie.
LE BOULANGER
LE FOURNIL
Dans le fournil éclairé
Par une faible ampoule enfarinée,
Le boulanger prépare son levain
Pour le lendemain.
A trois heures du matin,
Il dépose dans le pétrin,
La farine et le levain,
Et pétrit la pâte de ses fortes mains.
Les longs pâtons sont couchés
Sur les pelles à enfourner
Dans la tiédeur du fournil embrasé.
Le boulanger surveille sa fournée.
Le parfum du pain,
Frais, craquant, doré,
Levé et cuit à point,
Est léger comme des nuages d’été.
LE FAUCONNIER
LE FAUCON
Fermement agrippé
Au cuir du gantelet,
Il tourne la tête d’un côté
Et de l’autre, ses grands yeux
cerclés
De jaune découvrent la
vallée.
Il bat des ailes, offrant au soleil
d’été
Sa poitrine blanche de brun
tachetée,
Prend son vol et de ses ailes
effilées
Rase la surface de l’eau
argentée
Puis monte en flèche le long de la paroi escarpée
En poussant un cri, signe que sa proie a été
repérée.
Il tournoie dans le ciel, avant de
replonger
Vers la berge boisée.
Les ailes à demi repliées,
Les serres tranchantes
écartées,
Il se laisse tomber
Sur sa proie à une vitesse
prodigieuse.
Soudain l’air est immobile et la vallée
silencieuse.
Le Faucon vire sur l’aile et revient se
poser
Sur le poing tendu du
fauconnier.
L'APICULTEUR
LES ABEILLES
Ecoutez bourdonner les petites abeilles
Qui volent et se posent sur les fleurs vermeilles.
Elles sucent du coeur des fleurs le doux nectar,
Couvrent de pollen leurs pattes de velours noir,
Au bout de leur abdomen font remuer leur dard,
Quand l’apiculteur sans bruit,
Vient chercher dans la ruche le fruit
De leur labeur quand vient le soir.
LE MEUNIER
LE MOULIN
Autrefois, quand vous
descendiez
Au fond de la vallée,
Entre pâtures dorées
Et taillis de châtaigniers,
Au détour d’un chemin
empierré,
L’eau de la rivière
cascadait
Au rythme d’une roue à
augets.
Les ailes du moulin
tournaient
Au gré d’un vent plein de
rires,
D’espérance et de soupirs.
L’air avait une sorte de
jeunesse,
Sentait la vie nouvelle et ses
promesses.
L’été courbait l’échine du
meunier,
Le ciel déployait sa nappe
bleutée,
Pour adoucir sa vie.
Aujourd’hui,
La vallée somnole sous le
soleil,
Le vieux moulin a replié ses
ailes,
Un tracteur herse une
prairie
Entre deux bois truffiers.
Sous le ciel parsemé de nuages
épais,
L’homme souffre, courbe son dos
vieilli,
Pour continuer de vivre et à
rêver
D’une embellie après l’orage
d’été.
LE DINANDIER
LE DINANDIER
Dans son atelier,
La forge allumée,
A l’aide de son maillet,
Il façonne le cuivre ou
l’étain.
Avec des petits burins
Ou des clous limés,
De fines ciselures en
sculptures,
Soudures, polissage,
peinture,
Il enfante sa création
Dans la douleur et
l’émotion.
LE COUTELIER
L’AME D’UN COUTEAU
Le couteau de Nontron,
Toujours la même virole en laiton,
Une lame en acier forgé,
Un manche dans le buis taillé,
Des symboles gravés,
Jamais décryptés,
(Une mouche en V inversé,
Et trois points pyrogravés),
Le savoir-faire du coutelier.
Les amateurs du monde entier
En ont fait sa popularité.
LE BATELIER
LES GABARES
De Limeuil à Saint-Léon,
Les eaux ambrées
De la Vézère
Se mêlent en lents tourbillons
Aux eaux vertes
De la Dordogne.
Les rives sont recouvertes
D’une herbe fraîche et veloutée,
De joncs et de roseaux.
Une file de bateaux
Descend la rivière généreuse,
Bien enlevée par la cadence des mariniers.
L’écume jaillit longeant
Les flancs des gabarots
Et des Naus.
Elle danse derrière une sarabande mousseuse.
Le sillage s’élargit
Comme la traîne d’une robe de mariée,
Pour venir battre les pierres tiédies
Dans un clapotis chantant
Qui se veut être une caresse d’amour.
Couralin, courpet,
Couajadour,
D’une gabare à l’autre, porté par les airs,
Retentit fort et clair
Le chant des bateliers des siècles passés :
« E sus la Dordonia
Davalan los batels ».
A SUIVRE....
POESIES EN COURS D'ECRITURE SUR LES METIERS