Sur la côte Normande du pays de Caux, au pied des falaises couvertes de plantes aromatiques, l'Abbaye de Fécamp, fondée en 658, fut dès le Moyen Age un des hauts lieux de Normandie. Elle compta des abbés et des prieurs célèbres mais c'est à un moine herborisateur qu'elle doit la renommée mondiale dont elle jouit encore aujourd'hui.
Vers 1510, le moine Dom Bernardo Vincelli se livrait à l'étude des herbes, des plantes et des épices, seule pharmacopée connue. Avec l'humble matériel qu'il avait créé, macérant, chauffant, mélangeant, dosant l'angélique et l'hysope, la mélisse et toutes les plantes aromatiques récoltées autour de l'Abbaye, il réussit à composer un élixir remarquable.
"Foy de Gentilhomme, oncques n'en goustai de meilleure !" déclara le roi François 1er au lendemain d'une visite à l'Abbaye de Fécamp au cours de laquelle, pour lui plaire et l'honorer, les moines lui avaient offert la succulente liqueur préparée par Dom Bernardo.
La formule de ce merveilleux cordial où les sucs des plantes s'harmonisent en une liqueur couleur d'ambre d'une saveur incomparable, transcrite sur un parchemin, fut conservée précieusement par les moines qui se transmettaient au cours des siècles les secrets de sa fabrication.
Puis survint la Révolution qui secoua la France entière, balayant les ordres religieux et ruinant Monastères et Abbayes. A Fécamp, les moines furent chassés, l'abbaye incendiée, en grande partie détruite et le secret de l'"Elixir Bénédictin" de Dom Bernardo Vincelli sembla bien perdu à tout jamais.
La tourmente passée, l'on s'aperçut que les moines avisés avaient réussi à remettre en mains sûres une partie des trésors de l'Abbaye : pièces d'orfèvrerie, tapisseries, tableaux, archives et parchemins que les dépositaires préservèrent avec soin.
C'est ainsi qu'en 1863, un négociant de Fécamp, M. Alexandre Le Grand, retrouva dans des manuscrits reçus en héritage, le parchemin sur lequel était notée la formule de l'Elixir Bénédictin.
A partir de cette formule M. A. Le Grand s'acharna à découvrir les secrets des traitements et des mélanges de plantes et, après de patientes recherches et de multiples essais, il réussit à reconstituer la vieille recette.
Ainsi fut mise au podans sa perfection la précieuse liqueur, exquise de goût et de couleur, descendante directe de l'Elixir Bénédictin de Dom Vincelli : la Bénédictine, la grande liqueur française, dont la bouteille de forme caractéristique est connue dans le monde entier.
Pour donner à la Bénédictine un cadre digne d'elle, M. A. Le Grand fit construire en 1876, un admirable palais abbatial de style Renaissance où il rassembla les oeuvres d'art provenant de l'ancienne Abbaye.
RECETTE DU SOUFFLE A LA BENEDICTINE
2 dl de lait, 60 g de sucre, 40 g de fécule, 20 g de beurre, 4 jaunes d'oeufs, 5 blancs d'oeufs, 1 pincée de sel, Bénédictine.
Faire bouillir le lait avec le sel.
Ajouter la fécule délayée avec un peu de lait et le sucre.
Cuire pendant 2 mn.
Retirer du feu et incorporer les jaunes d'oeufs et le beurre puis les blancs montés en neige très ferme.
Parfumer à la Bénédictine.
Mettre dans un moule à soufflé beurré et saupoudré de sucre.
Cuire à four moyen pendant 20 mn.
Variante : vous pouvez ajouter au soufflet préparé comme indiqué ci-dessus des fruits confits macérés dans la Bénédictine ou autres fruits de votre choix hachés finement.
BON APPETIT !