IL ETAIT UNE FOIS...
Il était une fois...
Un parterre où fleurissait abondamment le muguet.
Depuis quelques années pourtant, seuls quelques brins parmi les plus forts, les plus ardents, perçaient la croûte de terre serrée, tassée, envahie de mousse et de lierre rampant. Les lauriers qui le dominaient avaient jeté un tunnel d’ombre au-dessus de l’allée et le muguet interdit de respirer, était aussi interdit de lumière.
J’ai pris le sécateur et soulevé très haut la voûte du laurier. Dans la nef désormais, les rayons tendres du soleil pénètrent et caressent le parterre. J’ai pris la bêche et avec mille précautions, soulevé les mottes étouffantes, aéré la terre et ôté le chevelu des racines qui s’étaient excessivement développées. A défaut la vie du muguet était devenue souterraine.
Puis avec tendresse et mille précautions, j’ai replanté les griffes de muguet qui se hérissaient malgré tout, de petits cônes bruns, promesse de fleurissement, quelques-uns se colorant de vert tendre.
Avec de l’eau de pluie j’ai arrosé généreusement.
En une nuit tous les brins ont verdi, grandi, l’un surtout en bordure d’allée avait même entr’ouvert sont corselet vert pour me donner à voir, minuscules et serrées de petites perles blanches.
Comme les plantes, les hommes meurent. Mais certains dans le silence et la solitude, dans l’indifférence, abandonnés à l’oubli et à l’ombre, parce-qu’ils ne brillent pas, ne nous servent pas, parce-qu’on ne les voit pas ou que l’on regarde, distraits.
Interdits de paroles, ces humains s’étiolent, se désespèrent, meurent au-dedans, à petit feu, affamés d’amour et de reconnaissance, la poitrine gonflée de rage, de désespoir et de sanglots.
Arrachons ce lierre sournois qui se nourrit de l’égoïsme et de l’indifférence, du rejet de l’autre. Aérons nos esprits, libérons-nous des à priori qui trop souvent gouvernent la vie de l’esprit et nous aveuglent. Apprenons à nous connaître et nous comprendre, échanger pour un mieux-vivre ensemble.