Quand la fiction est devenue réalité... dans ce monde qui nous fait vivre à 300 à l'heure, où l'on veut aller plus vite, toujours plus vite, alors je vous invite à monter dans cette supercar.... Bon voyage........
NUMERO 1 52 02 76
La supercar n’avait pas voulu démarrer de suite. Il avait donc interrogé l’ordinateur. La réponse était simple : “avoir recours au processus 18 du chapitre quatrième, paragraphe A”. Après avoir pressé le bouton 09, un volumineux livre apparut. Il rechercha la manette correspondant au “processus 18 du chapitre quatrième, paragraphe A”. Elle portait le numéro 118 S, en souvenir des vieilles voitures qui possédaient également une “manette S” (il ne voyait pas d’ailleurs à quoi cela pouvait correspondre). Il avait perdu 3 minutes 15 secondes. Il actionna la manette F et sa supercar s’éleva. Il dépassa le plafond réglementaire de 150 mètres et vola vers son bureau.
Une chance qu’il ait été en Province, sa supercar était vieille de trois mois et ne montait pas au-delà de 230 mètres. Dans la capitale, le plafond était de 300 mètres, il aurait eu une amende. Cette circulation devenait impossible : il ne pouvait plus aller à plus de 300 à l’heure sans risquer d’accident.
Il aperçut le bar d’un alti-terrain, et décida de s’arrêter quelques secondes. Il se posa sur le toit de la tour. Il était à 100 mètres du sol. Le bar était illuminé. La porte s’ouvrit. Il s’installa à la table 690 X.
Il mit le contact, pressa deux boutons pour obtenir : un chocolat et deux croissants. Une lumière rouge s’alluma, la somme s’inscrivit, deux secondes plus tard le plateau arriva qui fut délivré à la présentation de la carte bancaire, momentanément introduite dans la fente P. La lueur verte apparut. Il put commencer à déchirer les emballages des croissants en poudre qu’il mélangea au chocolat synthétique. Vite, il lui restait 10 secondes pour rejoindre le bureau. Il arriva “à l’heure”, vieille habitude qu’il ne pouvait oublier et qu’il était le seul à conserver.
Il fit atterrir sa supercar sur le toit du bureau, s’assit dans le confortable fauteuil-toboggan et se retrouva face à la porte de son cabinet. Elle s’ouvrit, il entra. Il était déjà tellement énervé, qu’il décida d’utiliser le défatigueur.
Il s’allongea et appuya sur la manette bleue. Il fit un rapide problème de probabilité pour savoir si l’eau serait chaude, froide, glacée, tiède. Il eut la réponse immédiatement : elle était glacée. Il poussa la boule jaune et, le Vibreur-décontracteur se mit en mouvement. Le voyant bleu s’alluma, le séchoir fit ce qu’il devait faire. Une sonnerie retentit. Il montra sa carte et put se lever.
Il s’installa alors, face au tableau 4, mur du Nord et, après s’être assuré qu’il n’y avait ni contre-ordre, ni ordre particulier, il programma les données ordinaires. Trois sifflements stridents retentirent. L’écran 3 s’alluma, le visage de 2 04 68 75 apparut. Elle était bien mignonne. Ils bavardèrent. Elle lui fixa rendez-vous pour le lendemain. Le soleil artificiel entrait par les trois murs translucides.
1 52 01 76 prit un vieux livre. Il avait décidé d’apprendre le vieux français. Vraiment ce livre de Barjavel était une aberration, celui de Musset était extraordinaire. Comment cet homme avait-il pu écrire tant de choses aussi actuelles ? Plusieurs de ses collègues vinrent bavarder avec lui par écran.
Il ne lui restait plus qu’à veiller jusqu’au soir, et à s’en retourner chez lui. Il passera la nuit avec la femme 2 51 11 76 qui était son “Epouse 13" et n’avait pas encore eu le temps de lui donner un super-bébé-express.
Puis il recommencerait.